La digue de Pors Poulhan
La digue ouest de Pors Poulhan est un ouvrage ancien, d’environ 35 m de long pour 6m de hauteur, construit en béton armé. Il présente des désordres: les galets constitutifs du béton sont dégarnis et apparents en plusieurs endroits, une partie du renfort en pied d’ouvrage manque.
Le projet de confortement de l’ouvrage est inscrit au Contrat de territoire 2009-2014 passé avec le Conseil général. Initialement estimé à 294 240 €HT, le montant de l’opération est passé à 320 000 €HT en 2011, à prendre en charge à 30% par le Conseil général, 33,44% par chacune des Communes de Plozevet et Plouhinec, et 3,12 % par l’association des usagers du port.
Par délibération du 29 mars 2012, la municipalité a décidé de lancer l’appel d’offres. Elle s’est entourée du bureau d’études quimpérois Ouvrages, Maître d’œuvre. Ce dernier a assuré la conception des travaux confortatifs, leur estimation, la préparation et le dépouillement de l’appel d’offres.
Les travaux consistent à revêtir l’ouvrage d’un « sarcophage » en béton armé de 25 cm d’épaisseur. La solution de base prévue consiste à sceller des ancrages en acier tous les mètres carrés de parement, puis à couler du béton dans des coffrages. Les candidats peuvent présenter des solutions variantes.
Des incertitudes existent sur l’état de la base de l’ouvrage, en général immergée. Au cas où l’examen par plongeurs en montrerait la nécessité, des travaux supplémentaires (bêche en pied d’ouvrage) seraient réalisés dans le cadre d’une tranche conditionnelle au marché.
Quatre entreprises ont répondu à l’appel d’offres :
EIFFAGE
Base tranche ferme 555 570 €HT
Tranche conditionnelle 36 355 €HT
FREYSSINET
Base tranche ferme 348 000 €HT
Tranche conditionnelle 120 400 €HT
MARC
Base tranche ferme 464 155 €HT
Tranche conditionnelle 55 179,59 €HT
Variante tranche ferme 264 934,50 €HT
Tranche conditionnelle 55 179,50 €HT
NOVELLO
Base tranche ferme 160 007 €HT
Tranche conditionnelle 29 800 €HT
L’offre NOVELLO a été dans un premier temps jugée anormalement basse. Compte tenu du niveau des prix observés, cette décision était logique. Mais la règlementation dispose qu’en pareil cas, le maître d’ouvrage doit demander des justifications au candidat, avant de l’écarter. Les services n’ont pas respecté cette procédure.
Le 11 septembre 2012, le Conseil Municipal a autorisé le Maire à signer le marché avec MARC, sur la base de sa variante (béton projeté et non coulé dans des coffrages).
NOVELLO, (dont on sait qu’il a mal vécu sa mise à l’écart au profit de MARC d’un marché du Conseil général à l’île de Sein, et réputé procédurier) a saisi en référé le tribunal administratif, demandant l’annulation de la délibération du 11 septembre.
Il est probable que le TA annule la délibération. Dès lors, la municipalité pourra soit poursuivre l’analyse des offres et conclure avec le mieux-disant (mais il est clair qu’alors une décision écartant NOVELLO devra être solidement justifiée), soit relancer l’appel d’offres, ce qui repousse pratiquement au printemps la réalisation du chantier.
escalier très dégradé
Le Maire a saisi le Conseil le 29 septembre, en lui proposant de renoncer à l’offre MARC et à traiter avec NOVELLO.
Nous avons soutenu la position suivante :
- Ou bien le prix de NOVELLO est anormalement bas, ou bien ceux des autres candidats sont anormalement hauts. Il est important d’essayer d’en avoir le cœur net.
- Pour ce faire, demandons à NOVELLO, mais aussi à MARC de justifier leurs prix sur la base d’un cadre de décomposition du prix (les prix seraient forfaitaires, ce qui est étonnant pour un marché de travaux) préparé par le Maître d’œuvre. La Commission Travaux, assistée par le Maître d’œuvre, serait la bonne structure pour piloter ces investigations.
- Les désordres visibles ne nécessitent pas une intervention d’urgence. (Ce point n’a pas été contesté). Dans ces conditions, il n’y a pas d’inconvénient réel à prendre le temps de la réflexion, même si cette dernière devait conduire à relancer une consultation. Il serait même plus prudent de différer d’emblée ces travaux à la prochaine belle saison : l’ouvrage est très exposé, et s’il vient un bon coup de vent au mauvais moment, on pourrait bien retrouver les « coffrages légers » en distribil au fond du port ; avec, le lendemain, une réclamation pour force majeure de l’entreprise.
Le Maire a indiqué que le niveau des prix de NOVELLO pouvait s’expliquer par la mise en œuvre de techniques « légères », et par un moindre poids des frais généraux. Il a écarté nos considérations de prudence et fait voter l’autorisation de signer avec cette entreprise. Ce choix, surprenant, va au-delà même de la demande de NOVELLO.
Contrairement à la relation du Télégramme, on ne peut pas dire que le débat ait été particulièrement houleux. Simplement, le Maire n’a pas écouté les arguments et a écourté la discussion, comme d’habitude, mais sans vitupérer cette fois. Finalement, nous nous sommes abstenus.
On peut se demander quelles sont les motivations profondes du Maire, que nous avons connu plus combatif, dans cette affaire. Ne serait-ce pas un peu le retard au lancement de toute cette opération (Le contrat de territoire a été signé il y a plus de trois ans) comme la dérive de son montant (l’offre NOVELLO est la seule qui rentre dans l’enveloppe du contrat, déjà réévaluée une fois) qui expliquerait que le Maire ait mangé son chapeau ? Allez savoir. Quoi qu’il en soit, coucher les pouces sans discussion devant cette réclamation est une prime à la chicane ; un bien mauvais signal adressé aux entreprises.